La naissance de Bourrin
Alfred de Bourrin
La Bourrinade
Chapitre Ier
« Bourrin ? Il est caché parmi les escars, Bourrin »
Stéphane le mal armé, Le tombeau d’Alfred de Bourrin
"Boyaux et
torpeurs, cidres et brouillard
Anus artificiels qui rongent les corbillards
Post-modernisme eucharistique et picon-bière
Des moiteurs encloses je jailli, pauvre hère"
Bourrin, Les
couilles ballantes
Il est de ces légendes qui se bâtissent à coup de marteau. Bourrin naquit dit-on, à l'instant même où Charles Martel, écrasa la gueule du premier basané qui estoit à Poitiers de son illustre maillet. C’estoit en l’année 732, quand les sarrasins ayant dévasté la Péninsule Ibérique, décidèrent de porter plus loin leur assaut. Le gros Martel et ses Francs tireurs les canardèrent de caillasses, leur éclatèrent la gueule à coup de francisque et autre masses bien pourvues, comme le rapporte le célèbre gros niqueurs Adémar de Moonwalk : « Le soir, quand le soleil se coucha, c’était coucous merguez dans le Poitou, et pour tous ».[1]
Gargantua peut se rhabiller : Bourrin ne sortit point de la matrice, chose commune pour nous pauvres hères, mais du trou de balle de sa douce génitrice. Il débarqua donc dans le monde par un torrent de merdre qui ne manqua point de faire parler : Athéna était sorti de l'occiput de Zeus, et Héphaïstos du cuissot même du « Dieux des dieux".
Et c'est que le bougre était un bien bel enfant, malgré la pluie d'étrons qui lui avait quelque peu gâté le teint. A peine libéré des moiteurs encloses qu'il se mit à gueuler, réclamant ce ver solitaire qui l'avait durant 90 ans accompagné (c'est que la gestation bourrinique se doit d'être longue... imaginons donc un solide gaillard se lover dans l'anus de sa douce maman pendant près d’un siècle, cela revient à demander à Hannibal de se fourrer une dizaine d'éléphant dans le saint orifice souffreteux héhé).
Cî-fait, l’ami Bourrin empoigna son père qui se trouvoit là, lui plaqua la tête dans la cuve destinée à recueillir les déjections de la mise à bât, lui arracha d’un coût de dents ses pauvres brailles et lui colla son membru dans l’olive pâmée. « Alfred de Bourrin au gland d’or », il est le bien nommé, sachez le : l’on entendit le pater hurler, et ce n’était point pour la messe, sinon l’extrême onction anale, mais ces détails salaces ne sont point de bon goût. Une fois rongé jusqu’à l’encolure, le père Bourrin se vit éjecter par le flot sementiel, tout à fait démentiel, de son fils prodigue, et l’on le vit décoller de ce monde pour celui d’en haut, et jamais personne ne le revit. A l’ouest d’Eden, déjà, il n’y avait donc rien de nouveau.
Devant les assauts effroyables de sa progéniture, Bettelgueuse « Oh dolce Bettelgueuse ! Celle qui m’enfanta – mon foutre n’estant plus là – des mes menottes lui arracha – la tête, les jambes, les bras » (Alfred de Bourrin, Carmina Bourrina) ne fit pas long feu. Freud n’en dirait pas moins… et Bourrin résolut le complexe d’Œdipe à sa manière. Repu, l’Alfred saisit le tronc inerte qui était autrefois sa marâtre et se servant de son index, préalablement trempé dans les escars corporels et dans la merdre rependue ci et là, composa ses premiers vers.
« Ô Odin au rectum divin, dieux des temps, pète !
Que ton étron foudroie cette stagnante mare,
Ce trophée, exhibé sur ton trône barbare
Et qui, dans des catacombes mouillés, se jette »
Alfred de Bourrin, Explosion des métatarses
L’on perdit la trace du fanfaron, et ce durant quelques décennies. D’aucuns disent l’avoir vu dévaster le pays d’Auge à lui tout seul à la suite d’une cuite mal déglutie, et un tsunami de chiasse emporta pommiers, bœuf, garnements et seigneurs. D’autres aiment à signaler que Bourrin s’assis par un beau jour de printemps sous un chêne, posa sa cognée contre le tronc de cet être millénaire et s’assoupi. « Comme un roulement de tambours ses ronflements firent trembler la terre, et l’on crut Attila revenu des enfers » (Jimmy Cosnard, Gros niqueurs par chroniqueurs, 1045). La légende raconte qu’il y resta si longtemps, sous la voûte sylvestre de ce bon augure, qu’il s’enracina et mêla ses vastes membres à ceux du majestueux arbre, et des glands lui poussèrent même dans les oreilles.
L’on peut encore voir de nos
jours, si l’on prête quelque attention à ces rumeurs, le vieux chêne au pied
duquel Bourrin se reposa : l’herbe n’y repousse jamais. Et désormais, un
énorme menhir se dresse fièrement à l’encontre du plurimillénaire. C’est,
dit-on, par un phénomène complexe de scato-cristalisation résultant de la
transformation des roches métamorphiques : en gros, de la merdre
granitique. Ce legs probablement bourrinique est ainsi peut-être mentionné dans
Météores qui déchirent :
« Je, Alfred de Bourrin,
N’estant point hygiénique,
Quand salit mes chausses en lin,
C’est par merdre basaltique ».
Malheureusement, faute de preuves, une histoire relatant les faits et gestes de Bourrin durant cette période est impossible où relèverait de la fantaisie et de l’imaginaire de l’auteur, ce que je ne saurais assurément me permettre. Ici prend fin la naissance dramatique de Maistre Bourrin à l’anus dilaté.
[1] “When the Dark comes and the sun goes down, it was
couscous-merguez for all the guys in the Poitou” (Adémar de Moonwalk, Canterbury’s
wonderbras, 739)